En quelques mots

En Suisse, plus de la moitié des décès prématurés sont dus aux maladies non transmissibles (MNT) telles que le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Les MNT constituent entre 40 et 80% des coûts du système de santé suisse selon les maladies prises en compte. C’est un problème de santé majeur qui va se renforcer avec le vieillissement de la population.

Il est prouvé que l’activité physique, l’alimentation, le tabac et l’alcool sont quatre facteurs qui permettent de diminuer ou de renforcer le risque de souffrir d’une MNT. La création d’environnements favorables à la santé permet d’agir sur ces quatre facteurs.

En créant des environnements favorables à la santé, on agit en amont des maladies, en renforçant durablement les facteurs de protection des individus contre les maladies non transmissibles. On diminue ainsi le risque de ces maladies dans la population, et on réduit les coûts du système de santé.

La création d’environnements favorables à la santé dans les milieux de vie (communes et quartiers, écoles…) permet de toucher également les populations vulnérables, habituellement moins touchées par d’autres interventions de promotion de la santé. En créant des environnements favorables à la santé, on lutte également contre les inégalités sociales de la santé.

Introduction

Dans les pays développés, le traitement des maladies non transmissibles correspond à environ 70% de tous les frais occasionnés en matière de santé (en Suisse, le montant varie de 40 à 80% selon les maladies prises en compte). Environ un tiers des dommages aurait pu être prévenu en contrôlant certains facteurs de risque: tabagisme, faible consommation de fruits et légumes, consommation excessive d’alcool, inactivité physique (source: Promotion Santé Suisse 2010, Promouvoir la santé et prévenir maladies et accidents, Argumentaire).

En d’autres termes, l’activité physique, l’alimentation, le tabac et l’alcool sont quatre facteurs d’influence des maladies non transmissibles. En Suisse, il existe un potentiel d’amélioration pour ces quatre facteurs d’influence  :

  • 27,5% de la population suisse ne respecte pas les recommandations en matière d’activité physique ;
  • Seulement 12% de la population suisse consomme régulièrement cinq portions de fruits et légumes par jour ;
  • Il est estimé que 25,3% des personnes âgées de 15 ans et plus fument en Suisse, soit une stagnation depuis 2011 ;
  • 20% de la population a une consommation d’alcool à risque, et on estime à 300’000 le nombre de personnes dépendantes à l’alcool ;

Partant de ce constat, il existe trois bonnes raisons d’agir sur les environnements.

Les environnements pour améliorer la santé

L’environnement de vie a une influence considérable sur la santé des individus. Différentes études ont cherché à quantifier cette influence, dont celle du Dr van der Linde, ancien médecin de la prévention dans le canton de St-Gall, en Suisse. Selon le Dr van der Linde, les conditions socio-économiques et le style de vie comptent pour 40 à 50% dans l’état de santé, et l’environnement physique pour 20% :

Source: Spectra n°58 août 2006

 

Plus précisément, les environnements favorables à la santé agissent sur les facteurs d’influence, qui permettent de se prémunir contre les maladies non transmissibles. Le schéma ci-dessous illustre et exemplifie cette relation :

Exemple : l’environnement alimentaire et l’obésité

La revue scientifique The Lancet a publié en 2011 un dossier consacré à la pandémie d’obésité dans le monde. En ce qui concerne les facteurs déterminants de l’obésité, la recommandation est faite d’agir en priorité sur les facteurs environnementaux : « Obesity is the result of people responding normally to the obesogenic environments they find themselves in. Support for individuals to counteract obesogenic environments will continue to be important, but the priority should be for policies to reverse the obesogenic nature of these environments» (Swinburn et al. 2011).

Tiré du même article, le graphique suivant identifie les déterminants de l’obésité et les interventions en lien. Une action sur les déterminants environnementaux, situés dans la partie gauche du graphique, aurait probablement un effet plus important sur la réduction de l’obésité que des interventions comportementales (à droite du graphique) :

Source: Swinburn et al. 2011

L’auteur souligne toutefois la difficulté d’obtenir le soutien politique nécessaire à la mise en place d’environnements favorables à la santé (voir la page consacrée aux facteurs de succès).

Dans le dossier consacré en 2015 à l’obésité, The Lancet identifie sous forme d’illustration les mesures que les autorités politiques peuvent mettre en œuvre pour créer des environnements favorables à une alimentation équilibrée :

Source: The Lancet 2015

Plusieurs de ces mesures sont détaillés dans le répertoire de mesures, dont la réglementation de la composition des aliments, l’augmentation du prix des aliments à haute teneur en sel, sucre ou matière grasse ou la réglementation de la publicité pour les enfants.

Les environnements pour lutter contre les inégalités sociales de la santé

Les inégalités sociales de la santé font référence à des écarts de santé associés à des avantages ou à des désavantages sociaux comme le revenu, le niveau de scolarité ou l’inclusion sociale. Par exemple, en ce qui concerne l’activité physique, les personnes sans formation postobligatoire sont particulièrement souvent inactives. De même, la prévalence du tabagisme est la plus élevée parmi les personnes sans emploi (voir sur cette page pour plus de détails).

L’intérêt d’agir sur les environnements pour lutter contre ces inégalités est double.

D’une part, une action sur les environnements aura un impact sur une grande partie de la population et, dans le même temps, demandera peu d’efforts aux personnes concernées. Ainsi, une loi interdisant de fumer dans les lieux publics s’appliquera à toutes les personnes fréquentant les lieux publics, et ne nécessitera pas d’autre effort que de respecter la loi. De même, un cheminement piéton attractif et sûr reliant un quartier d’habitation aux commerces sera disponible pour tous les habitants, et accessible instantanément. En agissant sur les environnements, on sollicite moins les compétences en santé des individus. Or, ce sont précisément les personnes disposant de moins bonnes conditions socio-économiques qui ont des compétences en santé plus faibles (voir les inégalités sociales de la santé pour plus de détails).

La relation entre le type d’intervention, l’impact sur population et l’effort individuel est représentée par la pyramide des impacts sur la santé :

D’autre part, agir sur les environnements permet également d’agir contre les inégalités territoriales de la santé en ciblant l’intervention sur un milieu de vie donné (un quartier défavorisé par exemple), toujours avec l’avantage d’un impact sur un grand nombre de personnes et un effort individuel moindre.

Une action durable et efficace

Les mesures qui permettent de créer des environnements favorables sont durables et déploient leurs effets sur la population sur une longue période. La mise en place de bancs et de mains courantes dans les espaces publics (environnement physique) permettra aux personnes âgées de se déplacer de façon autonome dans leur quartier pendant plusieurs années. De même, une fois entrée en vigueur, une loi (environnement politique) déploiera ses effets de façon illimitée dans le temps, jusqu’à une éventuelle modification ou abrogation de ladite loi. Ainsi, la population suisse est préservée des stimuli publicitaires pour les produits du tabac à la radio et à la télévision depuis 1964.

Les mesures structurelles sont largement répandues en ce qui concerne le tabac et l’alcool. Il existe aujourd’hui un fort niveau de preuve de l’efficacité de ces mesures. En ce qui concerne l’activité physique et l’alimentation, le champ des environnements favorables à la santé est plus récent. Certaines études existent, mais elles doivent être complétées. Ces éléments sont détaillés dans la rubrique dédiée à l’efficacité des environnements favorables.