Facteurs de succès

Une vingtaine d’experts de différents métiers ont été rencontrés en 2015 et 2016 dans le cadre de ce projet. La question des facteurs de succès des mesures qui créent des environnements favorables à la santé a notamment été abordée. Une synthèse est proposée ci-dessous, par catégorie.

Implication des parties prenantes

Les principaux facteurs de succès identifiés sont les suivants :

  • Soutien politique marqué. Il apparaît fondamental de disposer du soutien politique pour mettre en œuvre une mesure. Ce soutien ne doit pas se manifester uniquement à la décision initiale, mais pendant la mise en œuvre de la mesure et après.
  • Cohérence politique aux différents niveaux institutionnels. Un engagement politique à tous les niveaux (en Suisse : Confédération, cantons et communes) est essentiel pour mettre en place une stratégie cohérente relative aux environnements favorables à la santé.
  • Intérêt et adhésion des services chargés de la mise en œuvre. Les membres de l’administration publique en particulier sont des ressources-clés dans la mise en œuvre des environnements favorables à la santé.
  • Un mouvement social favorable. L’opinion publique joue un rôle fondamental dans l’orientation des choix politiques (qui décident de la création des environnements favorables). Créer un mouvement social basé sur une opinion publique favorable à une mesure permet d’augmenter les chances de succès de cette dernière.
  • Présence d’experts. Réunir des experts autour d’une mesure donne d’une part une validité scientifique à la mesure, et d’autre part une plus grande visibilité à cette même mesure.
  • Groupe de travail mixte. La réunion des représentants de tous les partenaires favorables à la mesure (exemple : associations, groupes de plaidoyer, professions, etc.) dans un groupe de travail permet d’assurer un soutien large au projet.

Mise en œuvre des mesures

Les principaux facteurs de succès identifiés sont les suivants :

  • La collaboration multisectorielle. La santé publique seule ne peut pas porter les mesures ; les autres politiques publiques doivent être impliquées dès le départ dans la création des environnements favorables à la santé.
  • Utiliser à bon escient les particularités du fédéralisme. En Suisse, les institutions politiques sont présentes à trois niveaux : Confédération, cantons et communes. Pour contourner d’éventuels blocages à un niveau institutionnel, il peut être utile de s’adresser à un autre niveau institutionnel.
  • Démontrer l’impact économique positif. Même s’il est difficile d’estimer l’impact économique positif de la promotion de la santé (le coût des « maladies évitées »), cela reste un argument auquel les décideurs politiques sont sensibles.
  • Faire appel aux émotions positives. Une mesure devrait idéalement être conçue pour être perçue positivement. Il convient en particulier d’éviter d’associer à la mesure « saine » un sentiment de culpabilité.
  • Faire appliquer les mesures. En ce qui concerne les lois, elles créent des environnements favorables à la santé mais certaines ne sont pas bien appliquées sur le terrain. C’est notamment le cas des lois qui protègent les mineurs contre la consommation de tabac et d’alcool.

Faisabilité

La faisabilité d’une mesure qui crée un environnement favorable à la santé peut varier fortement d’un contexte à l’autre. Il est donc important de l’examiner avant de se lancer. L’approche proposée ci-dessous est intégralement tirée du document « Application des mesures cantonales de policy dans le domaine «Poids corporel sain» – Check-list et catalogue de mesures » publié par Promotion Santé Suisse.

Les questions suivantes forment la base de l’analyse :

  1. Quel est le niveau institutionnel compétent ? (ex : canton, commune)
  2. Quel est l’organe de décision compétent ? (ex : exécutif, législatif, autre acteur)
  3. Quels sont les services de l’administration compétents ?
  4. Quelle est l’acceptation politique de la mesure ?
  5. Existe-t-il un lobby qui soutienne la mise en œuvre de la mesure ?
  6. Quelle est la meilleure « fenêtre d’opportunité » pour mettre en œuvre la mesure ?
  7. Combien de ressources sont-elles nécessaires pour mettre en œuvre la mesure ?